Les romans de Didier Paris sont publiés par les éditions COMPLICITES, Paris 15ème
https://www.editions-complicites.fr/pages-auteurs/didier-paris/
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Meurtres à Istanbul
Une bruine tenace drapait le ciel d’Istanbul, en cette journée de février, estompant les couleurs de la ville dans une grisaille uniforme et annihilant les perspectives d’une rive à l’autre du Bosphore. Des silhouettes de coupoles et de minarets délimitaient, dans le lointain, un paysage ainsi réduit à sa plus simple expression. Ces conditions n’entravaient en rien l’agitation du matin, dans cette métropole mi-asiatique, mi-européenne. Les avenues dégorgeaient de leurs flots continus de voitures, dont les fumées âcres crachées par certaines, à la mécanique abîmée par l’âge, ajoutaient à la grisaille ambiante. Quelques motos, alourdies d’un barda plus ou moins en équilibre, participaient du négoce artisanal de la ville, aux alentours du Grand Bazar, en pleine activité.
Du côté d’Eminönü, les vapeurs, depuis longtemps passés au diésel, se pressaient sur les quais en un va-et-vient incessant entre les deux rives continentales, embarquant et débarquant les marées montantes et descendantes des salariés pressés de rejoindre leur travail ou des étudiants en route vers leurs cours.
Mehmet, cheveux de jais, un fin collier de barbe soulignant le visage, était de ceux-là. Il habitait sur la rive asiatique et le ferry était, pour lui, la solution la plus facile pour rejoindre l’université où il terminait un doctorat d’histoire.
Eminönü était la station la plus proche pour débarquer.
Accoudé au bastingage, Mehmet voyait s’approcher le quai, tandis que le capitaine commençait la manœuvre d’accostage. Bientôt il descendrait dans la bousculade du jusant des passagers. A terre, il en profiterait pour prendre un café corsé, puis il se dirigerait vers l’université. Il n’avait pas le temps, aujourd’hui, de faire un détour par le Bazar.
Le ferry avait accosté et l’équipage procédait à son amarrage. Les annonces des haut-parleurs étourdissaient les passagers, pressés de descendre. En un instant, le flux se mit en branle.
Mehmet prit part au mouvement à son tour.
Sur le quai, la file du flot montant était prête à assaillir le bateau. Mehmet mit un pied à terre quand il ressentit une douleur froide dans le bas ventre, puis une autre vers le cœur et encore une.
Baissant les yeux, il vit l’acier d’une lame sanguinolente sortir de sa poitrine. Déjà, le sang s’écoulait en un paraphe rouge sur sa chemise blanche.
Il se sentit aussitôt s’affaiblir, défaillir, alors que ses jambes se dérobaient.
Heurtant le sol dans la bousculade, alors que les premiers cris retentissaient, il perdit connaissance pour mourir au milieu de la multitude, noyé dans la nuit soudaine qui l’avait submergé.
Un vide se forma spontanément autour du corps gisant au sol, dans le désordre du débarquement, au milieu des passagers affolés, tandis qu’une silhouette sombre s’éloignait sans être inquiétée par la foule absorbée par la vision du corps inanimé.
Au bord du quai, la silhouette jeta rapidement un couteau à l’eau.
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